défaite de famille. (abruzzi)

alarme qui sonne encore et encore depuis déjà près d’une heure, mais elle n’ouvre pas les yeux toni déjà parce que sa gueule de bois lui martèle assez la tête comme ça, qu’elle n’est pas prête à voir les  rayons du soleil lui agresser les yeux et ensuite parce qu’elle est bien trop confortable dans ce lit qui n’est pas le sien, contre un corps déjà familier. achille l’a sauvé encore une fois hier, elle l’a appelée complètement défoncée par les différentes liqueurs qui se matin lui retournent l’estomac, il est venu la chercher en plein milieu de la nuit alors qu’elle était assise sur un trottoir à contempler les étoiles. et comme toni les mots c’est pas son truc, elle lui a offert son corps, ses lèvres, tout ce qu’il désirait prendre. alors elle s’enfonce encore un peu plus dans sa chaleur corporelle, son dos vient se coller au torse musclé du garçon derrière elle tandis qu’enfin elle daigne attraper son téléphone pour éteindre la foutue sonnerie qui vient la perturber. mais très vite la fatigue elle s’envole, parce que quand ses yeux s’ouvrent ils tombent sur le jour de la semaine, dimanche et peu à peu tout se met en place dans sa tête. parce que c’est dimanche, que tous les dimanches elle met un réveil car comme tous les dimanches, c’est repas avec la famille. elle aime pas courir toni, elle n’aime pas produire le moindre effort, mais là c’est en moins de quinze minutes qu’elle se retrouve devant l’immense porte d’entrée de la demeure familiale, achille n’a même pas eu le temps de lui demander ce qui se passait. toni elle n’est pas à l’aise, parce qu’elle n’est pas douchée, qu’elle sait très bien que son maquillage doive-t’être un véritable massacre à la suite de la dernière soirée et que forcément tout cela va se voir, forcément zeno va faire un commentaire, son père va deviner qu’elle n’est pas passer la nuit seule et elle voit déjà le pauvre achille se retrouver en sang au fin fond d’une petite ruelle de malsecine. pourtant elle pousse la porte toni, plus par obligation que par véritable envie, parce que si elle ne vient pas le monde va s’écrouler sur sa tête, parce que la famiglia prima di tutto et que personne ne peut déroger à la règle du dimanche midi. alors elle rentre toni, elle observe, son père au bout de table qui domine les autres, la place de giacomo vide parce qu’il est certainement dans un autre pays entrain de préparer un nouveau truc illégal, elle n’a pas revenu andrea depuis sa dernière esclandre à noel devant tout le monde. mais zeno est là, déjà entrain de se jeter sur la nourriture, forcément, et roméo. roméo qui se fait tout petit et il lui déchire le coeur à toni, alors elle se dit qu’elle a bien fait de venir pour lui. c’est sa mère qui la voit en première et la blonde sent déjà venir les remarques désobligeante de sa mère. « ouais je sais suis en retard pardon … je finissais un truc pour le travail » un franc baiser déposé sur la joue de son père, une tape derrière la tête de zeno, un léger signe de tête à l’attention de sa mère, un baise main pour la grand-mère et une tendre caresse sur la joue de roméo, les salutations sont faites, elle est prête pour un nouveau dimanche complètement foiré.

Toni est en retard. C’est pourtant pas compliqué. Une fois par semaine. Un horaire à respecter. Non, c’est définitivement pas compliqué de se plier à ce genre d'exigences un jour sur sept, pardi. Pourtant, elle se retrouve à table avec deux de ses fils manquant et quand son unique fille finit enfin par se présenter comme une fleur, Hera a à peine le temps d’ouvrir la bouche, qu’elle la devance et lui présente des excuses à la dérobée. Des excuses auxquelles elle-même croit à peine, elle en est certaine. « Ouais je sais suis en retard pardon… je finissais un truc pour le travail. » La mère arque machinalement un sourcil, marquant sa suspicion silencieuse et entrelace ses doigts pour venir les poser sous son menton, y prenant appui et sondant sa fille pour y déceler ne serait-ce qu’une parcelle de mensonge. Son esprit finit par s'envoler ailleurs. A Andrea, un peu, mais surtout à Giacomo qui lui manque terriblement, d’autant plus quand, d’un geste du regard, elle suit le trajet de sa fille qui ne lui adresse qu’un bref signe de la tête. Génial. Tout simplement g-é-n-i-a-l. Y’a son cœur qui fond dans sa poitrine – et pas dans le bon sens du terme – quand elle l’observe témoigner plus d’affection à Roméo qu’à elle-même. Les yeux se détournent, comme brûlés à vif et elle reprend rapidement contenance. A ce stade, c’est presque devenu un art. Presque, parce qu’elle n’y excelle pas encore autant qu’elle le voudrait. « Le principal, c’est que tu sois là chérie », fait-elle finalement remarquer en lançant un regard de biais à son époux. Elle attend qu’il appuie sa remarque, qu’elle soit sanctifiée par le père et qu’ils puissent tous passer à autre chose. Elle n'a qu'une seule préoccupation, c'est que l'esclandre provoquée par Andrea plus tôt ne se reproduise pas, qu'aucun sujet délicat ne soit abordé et qu'ils passent un bon moment. Elle voit si peu les enfants, ces derniers temps, que c'en est presque pesant - elle y est bien plus attachée qu'elle ne l'admet de vive-voix, même si c'est pas compliqué de le remarquer.

dès qu'il a ouvert les yeux, tiraillé par l'envie d'un bon repas, autre que les merdes qu'il tente de cuisiner la semaine, et la flemme de bouger jusqu'à la maison familiale. zeno s'est fait une raison et une fois de plus, il ira à ce déjeuner dominical. il y est toujours présent, tous sans exception, même si l'idée de sécher l'interrogatoire hebdomadaire lui ait venu maintes fois en tête. il pense faire cela uniquement pour la bouffe, mais au fond, il n'essayera pas de rendre sa mère furieuse de le voir éviter la famille.
pour cette fois, il semble être à l'heure. débarqué de sa colocation en ville après avoir pris soin de laisser ses affaires joncher le sol de l'appartement. lavé, habillé, il termine par rejoindre l'extérieur pour prendre son deux-roues et monter jusqu'à la villa abruzzi. il rentre sans prendre le temps de frapper, à jamais chez lui et sans gêne pour même penser à annoncer sa présence. juste à l'heure pour éviter les questions trop pressantes du paternel, moins bavard au cours du repas que leur mère. ses frères sont là, mais il manque quelqu'un à l'appel et ce n'est pas sans faire grand bruit malgré son absence. zeno préfère ne pas s'en occuper pour le moment, commence le repas avec une faim comme le prédateur qu'il est, esquive les interrogations curieuses de sa mère et finit par céder à la tentation de se resservir. à ce même moment, toni débarque et telle une princesse agaçante, s'impose en reine des lieux et salut la foule ébahit. il lève les yeux au ciel sans la regarder, grimaçant sous le léger coup derrière sa tête et l'évincement envers leur mère. parfois, il aimerait gueuler un bon coup, faire cesser cette hiérarchie prônant la sainte dernière de la famille et ses manières d'effrontée. mais il s'est toujours retenu, loin d'être un modèle à copier parmi ses frères, cette fois encore, il ne pourra s'empêcher d'ouvrir la bouche pour capter l'attention. « travailler ouais, j'savais pas que tu bossais à l'écurie » faisant référence à son teint pâle et les marques de mascara tachetées sur son visage et ses cheveux ébouriffés à la limite du raisonnable. il aurait aimé être bien plus vulgaire que ça, mais il sent déjà le regard accusateur de sa mère le défier. un léger sourire s'arquant sur son visage, il détourne le regard pour éviter de provoquer les autres membres de la famille.