Solveig Johanssen
Messages : 95 Pseudo : Louisou doudou Avatar : Camille Rowe-Pourcheresse + sweet disaster (avatar) + kane. (signature) Occupation : Traductrice/interprète trilingue, diplomée en civilisation romaine. Trois jours par semaine, on la retrouve à s'ennuyer derrière le comptoir de "Visit Malcesine", la boutique des touristes.
| Sujet: depuis la fin du jour (luca) Jeu 3 Mai - 15:46 | |
| le pire, c'est l'ennui.
elle le savait solveig et après tout personne ne l'avait forcée à venir ici. personne, non, si ce n'est son coeur qui prenait beaucoup trop de place dans sa vie, cet organe démesuré qui saignait sur les pavés des rues de malcesine, l'imaginant à chaque coin de rue, fier, beau, peut-être aux bras d'une brune incandescente. voilà, personne d'autre que lui, lui qui lui gâchait la vie et en même temps, maintenait son corps en état de marche. drôle de façon d'envisager l'amour. à malcesine, l'ennui prenait des formes aussi variées que concrètes. l'ennui, c'était parfois une chaleur abrupte, soudaine comme l’éruption d'un volcan. le soleil s'abattait alors sur les habitations et les épaules des rares courageux, et bientôt tous vivaient retranchés, à l'abri des volets fermés, desquels filtraient parfois leurs pleurs d'un enfant ou le ronronnement doux de la sieste. solveig restait seule avec l'ennui, bien incapable de lui parler, attendant de dessécher complétement sous la climatisation de la boutique, ou de se noyer dans les eaux fraîches du lac. l'ennui n'aimait pas solveig : lui aussi, il était d'ici. ici les gens vivaient avec l'ennui, l'invitaient à dîner le soir dans des repas qui s'éternisaient jusqu'aux rayons hauts de la lune. encore une fois, l'ennui qui toquait à toutes les portes et semblait bien reçu prouvait à solveig le courage dont les italiens semblaient faire preuve. la cloche du village se mit en branle, dans ce bruit mélodieux qu'il réveillait toujours invariablement solveig de ses songes indiscrets. elle se redressait sur ses jambes molles et après avoir ramassé son sac et signalé son départ, quittait prestement les lieux. elle adorait cette brise douce, pas encore chaude, qui courait le long de sa nuque lorsqu'elle retrouvait l'air libre. invariablement elle avait le sentiment que cet air tiède était l'aventure, appelée à sa rescousse et venue défier l'ennui de la laisser un peu vivre. comme à chaque fois qu'elle terminait sa journée, solveig eu faim. une faim tonitruante, immédiate. et comme à chaque fois qu'elle avait faim et qu'elle se trouvait sur le port, c'est la glace qui l'attirait. elle n'eu que quelques mètres à parcourir pour se retrouver dans la file. ses yeux tiraient nonchalamment d'un parfum à l'autre, mouvement bien inutile lorsque l'on savait qu'elle prenait toujours la même chose. lui, il le savait. elle allait le regarder dans les yeux en arrivant à sa hauteur, il lui rendrait ce même regard doux, presque complice. dans un même mouvement, leurs lèvres s'étireraient dans un sourire malicieux. jouant avec ses sens, il saisirait un cornet aux couleurs dorées des cheveux de solveig et lui tendrait cette glace à la framboise, rouge, épaisse, acidulée. solveig arriva devant lui comme on retrouve enfin les parfums de son enfance. le voir suffisait habituellement à remettre les choses à leur juste place dans l'univers mais aujourd'hui, elle su qu'elle avait besoin de plus. d'entendre sa voix, de faire parler son coeur. elle se sentit tout à coup bien fébrile. |
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