pool party (solara + qui veut, c'est open bar)

Qu'est-ce qu'on s'emmerde, dans ce bled ! C'est l'éternelle cantique de prince Arthur prononcée de sa plus belle voix plaintive, quand bien même il passe ses foutues journées les pieds en éventail sous une véranda qui fait au bas mot, trois fois son loft parisien ou à faire l'amour à son superbe mec à peu près partout, plus ou moins tout le temps. Et Lola, elle roule des billes, soupire face à ses éternelles lamentations et ne l'écoute que d'une oreille distraite. Trop étourdie pour entendre autre chose qu'un brouhaha indistinct auquel répondre un hm, hm de circonstance, suffisant pour qu'Arthur se sente encouragé dans ses anecdotes savoureuses et malheureusement pas assez inattentive pour louper les reproches amers et beaucoup moins subtils qu'il ne le songe.
Aussi, lorsque Arthur vient rôder autour d'elle et glisser des phalanges étonnamment tendres dans ses mèches folles, Lola flaire la mauvaise idée et relève le nez des nuances d'orfèvre qu'elle est en train de créer pour ajuster ses opales câlines sur le visage expressif de son meilleur ami, qui frétille littéralement d'impatience. — J'ai eu une idée grandiose ... c'est une surprise. Et il lui tend galamment une main comme un putain de courtisan de Versailles, arrachant à Lola son énième sourire de la journée. Elle les connaît ses surprises, elles ont monétisé ses oeuvres jusqu'à ruiner son inspiration ou crée une confusion des sentiments dont il ne veut désormais plus, enfant gâté et capricieux. Sceptique mais ravie de retrouver un semblant de complicité avec celui qui est manifestement toute sa vie, Lola snobe sa main pour grimper sur son dos et couler ses bras autour de sa nuque ... jusqu'au jardin. — TADAAAAAM, je me suis occupé de la piscine, tu organises notre première pool party ! Difficile de ne pas fondre face à l'enthousiasme débordant d'Arthur, fier d'une création qu'il a tout au plus seulement coordonnée. Lola l'imagine de là : il a eu une idée, certes, a convaincu Lloyd de la mettre en pratique et a distribué ses ordres à la fratrie, comme le pacha tyrannique et paresseux qu'il sait être. C'est sans doute Luca qui a dû nettoyer la piscine par 13 degrés aidé par Nils, trop bon pour laisser son frère se démener seul d'une tâche ingrate, Elettra a probablement été chargée du ravitaillement, Gaia de la déco résolument Coachella et des innombrables bouées colorées qui pullulent partout, Andrea de calmer les névroses existentielles d'un Arthur mué en chef d'orchestre et ainsi de suite jusqu'à ce que tout ce beau monde soit exploité pour les beaux yeux de la vision artistique d'Arthur. Et c'est désormais son tour, puisqu'il lui faut offrir des figurants à sa pièce de théâtre. Très bien. Il a l'air si heureux pour la première fois depuis des mois, juste ravi d'être là, sans ombres d'aucune sorte, que Lola n'imagine pas une seule seconde freiner son engouement. Elle saute à pieds joints dans les ennuis, s'empare de sa joie en embrassant ses lèvres das un baiser plume et promet d'organiser une soirée en son honneur, à sa grandeur. Pourtant, tout crie mauvaise idée : les soirées sont fraîches, la piscine est clairement impraticable sous ses températures et rien ne sonne plus alerte scandale à venir qu'une pool party décadente à l'américaine dans la propriété authentique de la respectable famille Greco. Putain.
Et pourtant, ce qu'Arthur désire, Arthur obtient. Moins de cinquante-trois heures après sa surprise, tout est prévu pour accueillir le village entier quand bien même Lola a préféré miser sur une petite sauterie familiale, n'ébruitant que très discrètement la soirée aux habitués du caffe alla rosa. Des lumières éparses vacillent partout, jusqu'à la piscine éclairée par les ballons flottants à sa surface, les tables débordent de victuailles, Lloyd dépose enfin la touche finale à la playlist censée tourner toute la nuit tandis qu'Elettra siffle déjà un premier verre de Chianti. Tous sont beaux comme des coeurs, vêtus de blanc sous l'impulsion d'Arthur ascendant jet-setter cannois et Lola se glisse souplement aux côtés des jumeaux. — On est d'accord, je conserve la palme des soirées les plus cools ? raille-t-elle sans mauvais esprit, en embrassant le tableau enchanteur du regard. C'est joli, c'est une parfaite image de magazine mais putain, cette grandiloquence est à peu près un poison à toute forme de spontanéité. Cela dit, un seul regard à Arthur fier comme un paon suffit à Lola pour se marrer et oublier ce futur carnage en règle. — Au moins, ça nous donne l'occasion de passer la soirée ensemble. Et qu'on en profite, si personne ne se pointe, je crois qu'aucun de nous ne sortira d'ici vivant. Elle arque un sourcil mutin face à la menace Arthurienne, la plus concrète d'entre toutes : il est évident qu'il ne se remettra jamais d'être à l'origine d'un flop. Heureusement, le soleil n'a pas encore achevé sa course folle et la soirée promet d'être longue et fructueuse avant la sentence divine ...

la présence des solara est obligatoire (dezdez les gars) mais en vrai, tout le monde peut venir, le village est petit, les rumeurs de soirée s'ébruitent rapidement et plus on est de fous, plus on rit  

Nouveauté chez les Solara et squatteurs associés : une pool party, organisée par le fantasque Arthur. Adieu à la relative sobriété de ce lieu, pour quelques heures du moins. Elettra avait tout de suite été convaincue par ce plan tout droit sorti d'un film. Associé, dans son imaginaire, à une fête décadente, dans une université de la côte Est. Elle se serait bien vue, d'ailleurs, dans un tel univers. Dans une énorme frat house, en compagnie de gosses de riches tous calqués sur le même modèle, mais convaincus d'être différents des autres, hors norme. Elle les imaginait, leurs gobelets rouge à la main, à se déhancher sur des chansons commerciales aux paroles douteuses et à boire des alcools cheap dégueulasses. Des images exotiques au possible pour Elettra, qui n'avait jamais quitté l'Italie. La pool party des Solara ne ressemblerait sûrement pas à cela, mais qu'importe. C'était l'occasion de se réunir, de rencontrer de nouvelles personnes et... de boire. Quelque chose qui avait une importance conséquente dans la vie d'Elettra, ici. Quelques verres et elle gagnait en assurance, se lançait dans de grandes discussions plus ou moins philosophiques, qu'elle aurait été incapable de tenir en temps normal.

Arthur a vu en grand et toute la famille, Lola exceptée puisque c'est une surprise, l'a aidé. Elettra s'est occupée des courses, non sans mal d'ailleurs. Mais est fière, ce soir, d'avoir apporté sa pierre à l'édifice. Elle se doute bien que Lola risque d'être étonnée par l'ampleur de la fête, qui ne se limitera clairement pas aux Solara. Puisqu'Arthur a invité n'importe qui, dans la ville, promettant, en toute modestie, la soirée de l'année. Songeuse, Elettra regarde la piscine et se demande bien qui aura le culot de se baigner par un temps pareil. Elle, sûrement. Pour se faire remarquer. Pour provoquer un peu ses frères et soeurs et les enjoindre à faire de même. De toute façon, au vu des quantités d'alcool, l'humeur sera sûrement à la désinhibition. Elettra l'espère, du moins. Elle aimerait tant que le nom des Solara soit sur toutes les lèvres. En bien ou en mal. Qu'on vante leurs mérites, leur qualité d'hôtes. Qu'importe ce qui sera dit, pourvu qu'on parle d'eux. Et surtout, qu'on admire la beauté de la maison, la richesse déployée lors de cette soirée. Qu'on oublie ou qu'on ignore leur pauvreté. Ce soir, Naples et sa misère sont bien loin. Les Solara, tous vêtus de blancs, gracieux à souhait, pourraient presque passer pour des jet-setteurs. Presque. La mascarade ne dure jamais longtemps, surtout en ce qui concerne Elettra qui a bien du mal à jouer la comédie des heures durant. Je pense que pour la rendre encore plus cool, il faudrait faire du volley dans la piscine. Ou faire la chenille. Bien évidemment, elle plaisante. Un petit sourire aux lèvres, elle regarde Luca et Lola, persuadée qu'ils ne seraient pas du genre à se lancer dans de telles activités s'il y a beaucoup de monde autour. Surtout la chenille, il faut le dire. A moins d'être ivre morts. Dans un état proche de la félicité, car elle est avec eux et qu'ils sont tout ce dont elle a besoin en ce monde, elle ne cesse de sourire. Ayant déjà bu un verre de vin rempli à ras bord en l'espace d'une minute et ne tenant guère l'alcool, Elettra ajoute, suite à la remarque de sa soeur : J'espère surtout qu'on ne va pas se retrouver avec tous les petits vieux du village. Elle est d'humeur piquante, ce soir. Bitchy, aussi. Un petit cocktail qui fera mouche, elle en est persuadée.